Comprendre les crises internationales du 21ème siècle

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lundi 4 avril 2016

Panama Papers: la bombe financière - acte I

Alors que ce chaleureux premier weekend d'avril, aux températures printanières, touchait tranquillement à sa fin, 109 sites d'informations dans 76 pays ont publié simultanément, aux alentours de 21 heures, la plus grande affaire de fraude fiscale de l'Histoire humaine.

Il y a un an, le journal allemand Süddeutsche Zeitung reçoit un email d'une source anonyme proposant gracieusement des informations. La rédaction accepte évidemment et s'en suit des échanges de données dans des volumes inédits: 2,6 Téraoctets de données, c'est 1500 fois Wikileaks et cela correspond à 11,5 millions de fichiers!

Face à tant d'informations, la rédaction du journal allemand entre en contact avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), qui à son tour inclut une centaine de ses partenaires dans l'analyse des fichiers. 400 journalistes travaillent alors pendant plusieurs semaines, jusqu'à hier soir lorsque le premier volet est prêt à être diffusé massivement: 140 individus et entreprises de toutes nationalités sont alors exposés.

De quoi parle-t-on?

Et bien tout simplement d'évasions et fraudes fiscales à travers des sociétés dites "offshore". C'est à dire une société enregistrée (immatriculée) dans un pays autre que celui du résident fiscal (ailleurs que là où vous payez vos impôts). Ce qui n'est pas nécessairement illégal, chaque contribuable à le droit de créer une telle société MAIS il doit la déclarer!
Et c'est sur ce point que l'affaire porte, le Panama est un petit paradis fiscal où créer une société est aisé et permet de le faire sous, par exemple, un prête-nom. Ainsi les propriétaires de ces sociétés n'ont tout simplement pas déclaré à leur fisc, être détenteurs de ces sociétés et n'ont donc pas été imposé sur les actifs, les bénéfices et n'ont pas payé les nombreuses taxes que la fiscalité nous impose (sans mauvais jeu de mot).


Ce qui à déjà été révélé

Le premier volet diffusé dénonce 140 individus: chefs d'états, membres de gouvernements, proches de hauts fonctionnaires, acteurs, sportifs, hommes d'affaires, réalisateurs, artistes, tous les métiers sont concernés avec un point commun de taille: ils sont "riches".
La liste détaillée des hommes d'états déjà divulguée est disponible ici: Hommes d'Etat
Et la liste complète là: Liste complète

Pour les plus célèbres d'entre eux, on notera:

  • les chefs d'états de: l'Argentine, l'Islande, l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, l'Ukraine;
  • les proches: du premier ministre britannique, du président russe, du roi d'Espagne, de l'ancien Secrétaire Général de l'ONU, du "président" de la Syrie;
  • Autres: le réalisateur Pedro Almodovar, le sportif Lionel Messi, l'acteur Jacky Chan.


Et la France dans tout ça?

Ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas en reste. Pour l'instant "seuls" cinq de nos concitoyens sont concernés, mais pas des moindres:

  • Jérôme Cahuzac: (hahaha) plus besoin de présenter notre ancien ministre du budget déjà en procédure pour fraude fiscal et dont la charge d'état qui lui incombait était précisément de la combattre.
  • Patrick Drahi: président du groupe Altice, actionnaires, entre autres, de BFMtv, l'Express, Libération...
  • Patrick Balkany: (hahahaha) Maire de Levallois-Perret et grand "usager" de la Justice Française
  • Arnaud Claude: associé de Nicolas Sarkozy (hihihi)
  • Michel Platini: ancien président de l'UEFA et de la commission d’éthique de la FIFA (connue pour sa droiture haha)


Et ce n'est que le début! 1000 ressortissants de notre beau pays sont concernés et apparemment un de nos principaux partis politiques aurait aussi l'honneur de figurer sur ce tableau de chasse.

Au total ce sont plus de 210 000 sociétés basées au Panama qui sont ciblées, et les médias ont promis des révélations tout au long de la semaine. Pour l'heure la carte dynamique ci-dessous donne une idée de l'ampleur de cette affaire: Carte

Quels problèmes cette affaire soulève-t-elle?

Ces révélations sans précédent, soulèvent deux grandes équivoques: Premièrement, il semblerait que les puissants de ce monde n'aiment pas se plier aux règles qui nous concerne nous, gens du peuples, et qui plus est, aux règles qu'ils édictent parfois eux-mêmes!
Le second problème est relatif à l'origine de tout cet argent, car pour pouvoir profiter de sociétés offshores non déclarées, il faut généralement faire appel à de l'argent non déclaré et donc souvent sale. On peut donc présumer que de nombreux financements sont issus de détournements de fonds publiques, de corruptions, de trafics divers, et autres moyens peu scrupuleux de s'enrichir.



Au-delà de la franche rigolade que ces révélations m'ont fournie, la colère gronde toutefois. Bien que ce ne soit pas une découverte, il m'est extrêmement déplaisant de penser que les élites internationaux, en charge de "guider" les peuples du 21ème siècle soient les premiers à violer les règles, qu'ils encouragent publiquement, en raison de leurs instincts primaires nourris d'avidité. J'espère que cette affaire, encore à son commencement, poussera les peuples de notre Espèce à exiger plus de rigueur et de transparence de la part de nos leaders (une transparence totale même?).
Il est toutefois amusant de noter que Bashar Al-Assad, David Cameron, Vladimir Poutine et le roi de l'Arabie Saoudite ont caché leur argent au même endroit. A croire que l'argent n'a pas d'opinion politique.


Sapiens,
Lundi 04 avril 2016

mercredi 16 juillet 2014

Comprendre la crise ukrainienne: De Maïdan à Donetsk en passant par Moscou

Dans cet article est exposé l'historique de la crise secouant l’Ukraine depuis la fin 2013 jusqu'à nos jours; depuis l'origine de la manifestation populaire à l'imminente menace d'entrée en guerre de la Russie.


Dès lors de la chute de l'Union Soviétique en 91, l'Occident manifeste un intérêt particulier à se rapprocher de l'Ukraine. Les Etats-Unis, notamment, versent régulièrement une subvention pécuniaire conséquente à l'ancien satellite soviétique dans l'espoir de maintenir la distance avec la Russie et ses rêves d'expansion.
Ainsi prenons comme point de départ à cette crise le rapprochement entre l'Union Européenne et l'Ukraine. Depuis de nombreuses années, Kiev est en pourparlers avec Bruxelles, l'objectif premier était d'intégrer l'Union mais ce souhait fut refoulé et les négociations s’orientèrent alors vers un "Accord d'Association" entre les deux parties. Cet accord permettrait un rapprochement économique, culturel et social. A l'issue de cette longue période de négociations, la décision semblait clair à chacun et le jour de la signature du traité vint. A cette période, le chef du pouvoir exécutif ukrainien se nommait encore Viktor Ianoukovytch. Contre toute attente, ce dernier déclina l'"Accord d'Association", provoquant la surprise de l'Europe d'une part mais aussi, et surtout, du peuple ukrainien, dont un nombre conséquent (majoritairement à l'ouest du fleuve Dniepr) soutenait le rapprochement, voir l'intégration à l'Europe (en 2008 déjà, 45% des ukrainiens soutenaient cette trajectoire). Il est à noter la séparation politique du pays transcrit géographiquement, entre l'est russophone et l'ouest pro-occidental.
Cet événement s'avéra être la chute du premier domino entraînant une escalade d'instabilité et s'achevant aujourd'hui dans une situation dramatique animée d'un climat fratricide.


L'Histoire de l'Ukraine ne peut être évoquée sans celle de la Russie. L'épisode de l'incorporation dans l'Union Soviétique, reste encore le plus douloureux de leur Histoire commune. Durant cette période, le peuple ukrainien aura vécu les pires souffrances que Staline pouvait imposer à ceux qu'il "n'appréciait" pas (voir l'Holodomor: l'extermination par la faim, plusieurs millions de morts entre 1931 et 1932).

Aujourd'hui l'Ukraine reste extrêmement
dépendante du gaz russe desservi dans le pays par l’impressionnant réseau de pipeline, permettant au Kremlin d'accroître son emprise sur l'ancien satellite, endetté monstrueusement auprès de son voisin (15 milliards de dollars de dette).
Or la Russie de Poutine, et ce n'est plus à prouver, est entrée il y a quelques années dans une ère d'expansion de sa zone d'influence et nous laisse subodorer son souhait de reconstituer l'empire déchu d'il y a 30 ans. Toutefois l'implication militaire, bien qu'indirecte, de Poutine en Ukraine relève d'un changement de tendance. En effet la voie de la diplomatie fut, à plusieurs reprises sur l'année passée, utilisée de façon remarquablement habile par le gouvernement russe et notamment son chef de la diplomatie Sergeï Lavrov pour défendre les intérêts de la nation. A la fois sur le sujet du Nucléaire Iranien et sur celui des Armes Chimiques Syrienne, l'herbe fut coupée sous le pied de l'Occident, soulignant les soupçons naissants que l'Ouest, et notamment les Etats-Unis ne sont plus la force diplomatique qu'ils fus autrefois. Ces événements ont probablement poussés la Russie à aller plus loin dans sa politique vis-à-vis de l'Ukraine. Vladimir Poutine nourrissant depuis de nombreuses années le rêve de ressusciter l'empire passé, sous la forme d'un union moderne nommé l'Union Eurasiatique. Dont l'Ukraine serait un maillon clé de par son poids économique et démographique.
(carte ci-dessus fournie par http://www.nationsonline.org/)

Kiev, fin novembre 2013, les partisans ukrainiens d'une intégration dans l'Europe se rassemblent en masse sur la place Maïdan. Cette place deviendra rapidement le point de ralliement de toute l'opposition populaire à son président. Lui et son gouvernement se voit reprochés tant le demi-tour dans le rapprochement vers l'Europe pour finalement s'offrir à la Russie, que la situation économique critique du pays.

Ainsi naquit le Mouvement EuroMaïdan (Maïdan étant la place de la libération à Kiev). Jusqu'à la fin de l'année, le mouvement se constitua de manifestations populaires avec de rares débordement. Mais en février 2014, on observa un changement radical, les manifestants montèrent à la charge contre les forces de l'ordre et le gouvernement réagit avec la mise en place d'une opération dite "anti-terroriste" avec l’autorisation d'utiliser la force létale. Un certain nombres de rapports ayant fuités par la suite, indiquent que Ianoukovytch avait donné des ordres clairs d'éradication de la révolte. Les manifestations dégénérèrent alors en heurts violents avec les forces de l'ordre, la guérilla se mit en place des deux côtés et en l'espace de quelques jours, 84 personnes perdirent la vie dans les combats urbains. A l'issue de cette flambée de violence, et progressivement abandonné par ses soutiens internes (certains élites politiques, militaires et de la police font le choix du peuple), Ianoukovytch est alors destitué le 21 février 2014 par le parlement, et prend la fuite. Rapidement suivie par une partie de l'Oligarchie souhaitant à tout prix, conserver son capital.

Le 28 février, alors que le pays travaille doucement à sa reconstruction, des unités terrestres non identifiables (russes) prennent le contrôle et verrouillent les aéroports de Simféropol et Sébastopole en Crimée. Le gouvernement ukrainien par intérim exige le retrait immédiat de ces soldats étrangers mais rien n'y fait.
Le 1er mars le gouverneur de la République autonome de Crimée appelle officiellement la Russie à venir protéger le peuple de Crimée, soi-disant en danger suite à une surprenante attaque du ministère de l'intérieur local. Le lendemain, le Parlement Russe vote l'autorisation de l'intervention. Le 11 mars le Conseil Suprême de Crimée déclare l'indépendance de la République de Crimée, puis 5 jours plus tard le peuple vote son rattachement à la Russie. Les troupes sur place encore fidèle à l'Ukraine dépose progressivement les armes, pris de cours et souvent sans ordre. Le gouvernement ukrainien craignant le dispositif russe déployé le long de sa frontière orientale préfère ne pas dépêcher de troupes pour sauver sa souveraineté sur l'île. 
L'intérêt particulier exprimé par la Russie au sujet de la Crimée s'explique, d'une part, par les ressources offshores de l'île, une réserve estimée à 45 trillion de mètres cubes de gas, et d'autre part, pour des raisons stratégiques. En effet, le port de Sébastopol (pointe ouest de l'île) est le dernier port d'accès russe à la mer méditerranée via la mer noire, puisque la guerre civile syrienne l'a privée du port de Tartus (sur la côte syrienne), port qui hébergeait une partie de sa flotte avec accès immédiat à la méditerranée.
L'Occident répondra à cette annexion par un volet de sanctions contre les membres du pouvoir politique russe. (carte ci-dessus fournie par http://www.nationsonline.org/)

La région du Donbass ukrainien (extrême est), ancien foyer de l'extraction de houille sous l'ère soviétique, s'est vu animée de tension à partir de début mars. Une partie de ses citoyens lançant un mouvement de contre-révolte. A noter que cette région à vu naître le président déchu Ianoukovitch. La contestation de la révolution a progressivement dégénérée dans une lutte armée pour faire sécession avec l'Ukraine et intégrer la Fédération des Russies. Les forces militaires ukrainienne furent dépassées durant les premières semaines en raison de l'intervention de mercenaires russes (issues des régions de Tchétchénie et Daguestan pour bonne part d'entres eux). Ce nouvel adversaire, fortement soutenue en armes et matériels conquit progressivement la majeure surface du Donbass. Cela, sans compter les désertions et corruption du côté ukrainien. Toutefois en juin, les forces ukrainiennes se réorganisèrent et cessèrent de perdre du terrain.
Fin juin, faisant suite à l’élection de son nouveau président Petro Porochenko, les forces ukrainiennes amassées le long de la bordure régionale (voir carte ci-contre - situation à début juillet) lancent l'assaut contre les villes frontalières Kramatorsk et Sloviansk, qui retournèrent sous drapeau ukrainien. Les rebelles pro-russes battent alors en retraite vers Donetsk, une des principales villes économiques d’Ukraine et capitale régionale officieuse du Donbass.

Depuis le 8 juillet de nombreux et d'importants convoies militaires ukrainien ont lieu à une vingtaine de kilomètres de Donetsk. Depuis, l'affrontement larvé oppose armée régulière et séparatistes aux portes de la ville; ville dont la majorité des ponts ont été coupés à l'aide d’explosifs par les rebelles pour ralentir la progression des troupes gouvernementales.


Alors quelle issue possible pour cette crise? Le gouvernement ukrainien a affirmé clairement sa politique de reconquête de l'est et a, notamment déclaré que Donetsk et la région du Donbass dans son ensemble serait de nouveau ukrainiennes d'ici début août. Pour cela ils misent sur leur supériorité numérique, en effet 10 000 rebelles pro-russes font face aux 30 000 hommes de l'armée régulière. Mais cette stratégie ne prend pas en compte l'intervention russe. Intervention qui semble de plus en plus probable au vu des rapports des derniers jours. Le 4 juillet, 40 000 soldats russes étaient positionnés à la frontière (et 22 000 en Crimée). Le 11 dans la journée, plusieurs convois de blindés russes ont été aperçu se déplaçant avec les symboles M.C. pour Peace Keeper à la frontière du Donbass. Méthode utilisée en 2008 lors de l'intervention en Ossétie du Sud, Géorgie. A noter qu'à l'époque, la Russie avait obtenu, des années plus tôt, un mandat officiel de l'ONU pour assurer la paix et la stabilité sur place, et qui fut finalement utilisé pour détruire l'armée géorgienne fasse aux séparatistes, scénario tristement similaire à ce que vit l’Ukraine aujourd'hui... Ainsi il est à prévoir que la tragédie qui se joue en ce moment même en Ukraine ne s'arrêtera pas à la perte de la Crimée et il est à craindre une annexion massive de son territoire en totale contradiction avec le respect de l'intégrité territoriale que l'on pourrait espérer au 21ème siècle de l’Ère Commune de l'espèce humaine.



Les derniers rapports indiquent que des mouvements de troupes russes ont lieu à la frontière et que l'intervention en Ukraine est imminente.

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